Leo Ferre

Leo Ferre - La Violence Et L'Ennui lyrics

rate me

Nous, d'une autre trempée et d'une singulière extase

Nous, de l'épique et de la déraison

Nous, des fausses années, nous, des filles barrées

Nous, de l'autre côté de la terre et des phrases

Nous, des marges, nous, des routes, nous, des bordels intelligents

Ô ma sœur la violence, nous sommes tes enfants

Les pavés se retournent et poussent en dedans

J'ai l'impression démocratique qui me fait des rougeurs

À l'extrême côté du cœur et des entrailles

J'entends par là mes tripes à la mode de mai

Je vous commande d'être brefs et couillosifs

J'ai le sentiment bref de ceux qui vont mourir

Et je ne meurs jamais, à moins que, à moins que

Je sais des assassins qui n'ont pas de victime

Qui s'en vont faire la queue pour voir le sang d'écran

Et cette pellicule objective qui pellicule sur le vif

Surtout ne pleure pas, les larmes c'est le vin des couillons

Moi, je ne pleure plus

Et je le dis bien haut, bien tendre aussi et bien à l'aise

Crevez-leur le paquet qu'ils portent sur leurs quilles !

Marx était un hippie, c'est pas comme en dix-sept, à la consigne

Dans cette Russie rouge à la Lénifaction

Et personne jamais n'a été réclamer ce barbu Stalingradé

Quand je vois un stalinien je change à Stalingrad

Je sais des assassins qui ont le cran d'arrêt

Et qui sont beaux comme les cons qui vont voter

Des assassins assassinés et leurs manières

À ne jamais vouloir crever comme crevèrent les Communards

Mes frères

Et je le dis bien haut : il faut déconstitutionnaliser le foutre

Et porter l'inconfort cousu dessous leur peau

À ces bourgeois qui se permettent de jouir. En outre

Je vous commande d'être brefs et cartésiens

Je sais des charmes bruns qui sont de sang caillé

Et qui se grattent comme on gratte une blessure

Ça vous ravive un peu de rouge, ça a l'allure

D'une légion d'honneur que l'on pardonnerait

Ô ma sœur la violence, ô ma sœur lassitude

Ô vous, jeunes et beaux empêtrés dans vos livres

Il faut faire l'amour comme on va à l'étude

Et puis descendre dans la rue

Il faut faire l'amour comme on commet un crime

Ô ma sœur la violence, tes enfants s'analysent

Et du Guatemala s'en viennent des parfums

De sang et des Guatémaltèques allant s'analysant

Dans les ruisseaux de sang coulant comme la crème

La crème de la Révolution montant

Ô ma sœur la violence, ô la fleur du boucan

Il fait un bruit à rancarder tous les voyeurs

Et un bruit qui se voit, ça vous a des couleurs

À vous barrer la vue pour des temps et des temps

Je sais des bises s'ennordant depuis l'Afrique

Le monde est court, la gosse, il faut tâter la trique

Dans le pieu, dans la rue, mais tâter de cet ordre

De cet ordre nouveau où germe le désordre

Le beau désordre des voyous au ventre lisse

Viens par ici, la gosse, un peu, que je t'en glisse

De ma graine d'amour

Qui gonflera dans toi comme un chagrin de carne

Sur le monde envahi de tant de muselières

Dans le Paris des chiens, je vais l'âme légère

Ô ma sœur la violence, ô ma sœur lassitude

Ô vous, jeunes et beaux empêtrés dans vos charmes

Il faut faire l'amour comme on va à l'étude

Les yeux vers les jardins où fleurissent les armes

Des armes comme une esthétique de la solitude

Des armes comme une sinistre compo d'angliche

What do you mean gun ?

Je sens que nous arrivent

Des trains pleins de brownings, de berettas et de fleurs noires

Et des fleuristes préparant des bains de sang

Pour actualités color-télé

Le sang, ça s'ampexe tout ce qui y a de bien

Le sang, c'est rentable dans la technicoloration

Et je te ferai voir un sang vert quand il sera question de questionner

Je sais des fleurs d'amour qui pollennent les blés

Et qui vous font un pain que l'on mange à genoux

Un pain de chair vivante et que l'on aimerait

Comme on aime une enfant qui cache ses atouts

Et qui les touche un peu comme on caresse une arme

Un doigt sur la gâchette et le reste aux abois

Et que s'irise alors ta violette de Parme

Enfant mauve de mon silence et de ma loi

Des armes comme une esthétique du pain sur la planche

Des armes blanches comme l'aube blanche à Paris

Cette aube comme le foutre de l'absence

Nous sommes absents, Messieurs !

L'amour toujours l'amour, ah ! Cet amour malade

Comme une drogue dont on ne peut se dédroguer

Comme une drogue à laquelle je me soumets

Je suis un trafiquant d'amour

Des armes comme un sourire de l'autre côté de la tête

Comme une façon de désarmer, comme un chien qui vous aime

Des armes qui vous lèchent, qui vous sortent, qui vous bercent

Des armes pour inquiéter l'inquiétude

Et puis le Code de la peur à distribuer

À tous ceux qui habitent avec la peur ou que la peur habite

Article un : j'ai peur, article deux : j'ai peur

Article trois : j'ai peur, article quatre : où sont les toilettes ?

Des armes comme une esthétique de la solitude

Quand on est seul et armé, on n'est plus seul

Quand on est seul et désarmé, on fait une demande pour être CRS

L'amour toujours l'amour, ah ! Cet amour serein

Cet amour qui vous monte à la bouche comme une grenade

Qu'on ferait bien éclater dans quelque ventre passant

Dans quelque ventre curieux, oisif, en mal d'amour

Des armes comme un planning de la résurrection

Et quant aux armes blanches, on pourrait les teinter de rouge

Dans une teinture particulière et à la portée de toute portée

Nous, d'une autre trempée et d'une singulière extase

Nous, de l'épique et de la déraison

Nous, de l'autre côté de la terre et des phrases

Ô ma sœur la violence, ô ma sœur de raison

Au quartier des terreurs, des enfants se sont mis à brouter des étoiles

La Voie Lactée s'amidonnait dedans leurs toiles

Et la carte du Ciel dans ce quartier de France

Indiquait aux passants la route à ne pas suivre

Il brumait dans le ciel des paroles de givre

C'était d'un cinéma nouveau et d'une danse

Qu'on ne danserait plus avant longtemps. Nanterre

Se prenait pour Paris et le tour de la Terre

Se faisait sur un signe, une pensée de fièvre

Un désir de troubler les fleurs et les manières

Une particulière oraison, un sourire

À mettre les pavés à hauteur d'un empire

Le sable des pavés n'a pas la mer à boire

Ça sent la marée calme dans les amphis troublés

Des portes de secours sont ouvertes là-bas

Il suffit de pousser un peu plus, rien qu'un geste

Des portes de secours sont ouvertes là-bas

Il suffit de pousser un peu plus, rien qu'un geste, rien qu'un geste.

Get this song at:  amazon.com  sheetmusicplus.com

Share your thoughts

0 Comments found