Loco Locass

Loco Locass - La Censure pour l'échafaud lyrics

rate me

À l’affût des fumisteries, de mes funestes et fumeuses affinités avec les régimes honnis

J’affûte mes flûtes et réfute le « vous fûtes ceci »

Me méfie des « vous fites fi des juifs pis des fifs ici

De tout ce qui s’différencie

Que s’il eut fallu qu’il y eut des fours ici

Vous en auriez fait, pour sûr, du poulet frit

En fait, vous êtes, tous autant que vous êtes, ici, des fous

Des groupies de l’abbé Groulx pis de Jean-Louis Roux… »

Si on les écoute, y

Faut autodafer tout ce qui nous fait honte à leurs yeux de pontifes

Qui réclament sacrifice, sur un autel apocryphe

L’holocauste de nos désirs travestis en vices

En tares, en atavismes

Y veulent voir notre passé brûler vif

Tuer dans l’œuf l’avenir qui s’y niche

J’vérifie, j’lis pis j’trouve que j’ai l’dos large en estifi

On nous mystifie

À la fin des années folles, l’hystérie fut fort bien répartie, merci

Mais qui m’a dit qu’ignorance et amnésie donnent carte blanche à toute hypocrisie ?

Ainsi, si Céline est antisémite pis qu’icitte on est franco

Ipso facto on se mérite le titre d’ostie de fachos

Tout ça m’irrite, surtout qu’on oublie vite qu’en Ontario

Les plages un jour furent interdites aux Juifs, aux chiens, pis aux négros

Dans l’ordre, pis texto

Si j’le dis, c’est que je suis moi-même un nègre mais blanchi à la chaux

Tandis que McGill les contingentait au bachot

On faisait du textile avec les cheveux des juifs à Dachau

Un matériau, comme les arbres de la Daishowa

C’est ça la Shoa, chose, so watch out avec les mots

Tu me laisses pas d’autre choix, toi

Que d’envoyer la censure pour l’échafaud

Histoire d’horreur, mémoire poreuse

Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions

Mais moi ! Mais moi !

Histoire d’honneur, mémoire porteuse

Ô toi, KKKanada

Qui me garoche des roches de reproches louches

Dès que je me rapproche des racines de ma souche

Pis qui achoppe sur la lâcheté de mon cache-cache

Pendant que l’Axe inondait le monde de bombes H

Sache

Que le père de mon père a mis son gun

Au service de l’Hexagone

Fier comme un coq, Jean-Rock pis sa gang de damned Canucks

On pouvait s’y fier pour dénazifier l’Europe

J’t’le dis : en Normandie, y’avait plus de francos

Que de Québécois qui appuyaient Franco

Mais on n’était pas purs pour autant, peu s’en faut

Dissimulés sous les soutanes charlatanes

Saoulés par la face cachée du chanoine

Icitte on n’a pas été vites vites

À voir la fumée d’Auschwitz

Mea maxima culpa pour tous les potes qui portent la kippa

Quant à toi, KKKanada

Pourfendeur de francophones

Meurtrier de Métis

Assassin d’autochtones

À quand les excuses à la Commission des droits de la personne ?

Personne n’aime se faire traiter de facho

Fa’que la prochaine fois que l’envie te prend, retiens tes chevaux

Watch out avec les mots, sinon presto

J’te renvoie la censure pour l’échafaud

Histoire d’horreur, mémoire poreuse

Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions

Mais moi ! Mais moi !

Histoire d’honneur, mémoire porteuse

C’qui m’faich, c’est qu’on fish, on mord à l’hameçon

On s’empêche en pêchant par excès de contrition

On s’flagelle, lave à l’eau de Javel

Une tache originelle pas mal imaginaire

On fouille dans nos selles, on cherche la vache folle

On s’fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude, jusqu’à l’aiselle

Quels imbéciles !

On n’voit plus les barbelés qui auréolent nos cervelles serviles

Tandis qu’on dit à Normand Lester de s’taire

On se sert des délétères thèses d’Esther Delisle

Pis des délires de Mordecai Richler

Pour nous garder des dérives totalitaires

Nous n’osons même plus nous nommer nous-même

Nous nous nions

Nous ne sommes plus que pour la honte ou la peur

La trouille nous coupe les couilles, brouille les communications

Le premier qui s’mouille risque l’excommunication

C’est un comble de colonisation

Quand un chef péquiste effrayé d’être fiché fasciste

Sombre dans la délation

Devient mouchard en voulant faire le beau

Quand un premier ministre vire capot

Il était une fois l’affaire Michaud

C’est sûr ça fait mal, oui, mais peu me chaut

Quand j’envoie la censure pour l’échafaud

Histoire d’horreur, mémoire poreuse

Nous n’osons même plus nous nommer nous-même, nous nous nions

Mais moi ! Mais moi !

Histoire d’honneur, mémoire porteuse

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