Antoine Corriveau - L'uniforme lyrics
rate meElle fume comme une cheminée
Elle est dehors devant la porte
Elle parle et elle s’écoute parler
Et puis c’est dans l’air de l’époque
Hier on s’en souvient encore
De ces belles larmes pleines d’espoir
Dans ces yeux un peu ravagés
Maquillés plus que pas assez
On aurait dit une grande actrice
Une grande actrice sur son déclin
Qui nous repasse son vieux disque
La gloire, le fils et le destin
“Il est parti comme un guerrier
La tête haute remplie d’espoirs
Et maman a tellement pleuré
Marcher droit, c’était beau à voir
C’était par un joli dimanche
Le printemps était en avance
Et les lilas déjà en fleurs
Pour savourer notre bonheur
Il avait même pour l’occasion
Enfilé son bel uniforme
Dans mes yeux mon petit garçon
Était enfin devenu un hommeâ€
J’entends encore sa voix tragique
Entre deux quintes de toux bien grasses
Raconter son moment magique
Et en brailler la grande tasse
Le moment, l’émotion parfaite
Et les conversations surfaites
Il nous rapportera des médailles
Des fruits de tuerie, de bétail
Et dans les yeux où elle se voit
Où elle ne s’est jamais trouvée
Chez tous ces gens, dans toutes ces voix
Qui ne l’ont jamais intéressée
Elle cherche un peu de réconfort
Pour se convaincre qu’elle a raison
D’accuser les autres des torts
Du nouvel homme de la maison
Qu’une bille à la place du cerveau
Soit parti pour sauver nos peaux
Qu’elle n’est pas l’unique carburant
De cette bombe à retardement
Dans deux ou trois ans le veinard
Pourrira au fond d’une tranchée
Dix-sept balles logées dans le corps
Et dévoré par les cafards
On vous enverra des soldats
Messagers qui paieront notre dette
Devant la tombe où tu n’es pas
Maman fumera sa cigarette
En permission ils sont finis
Ils brisent tout ce qu’on leur apporte
Parce qu’ils en ont vraiment envie
Pour obtenir la meilleure note
Tu crois qu’il aime ce qu’il devient
Parce qu’il reste droit dans les rangs
Tu crois vraiment qu’on en revient
Pour retrouver sa chambre d’enfant
Tu crois qu’il sera général
Parce qu’il te cache ce qui fait mal
Parce qu’ils en ont pour des années
Avant de pouvoir reparler
Rappelle-toi de la dernière fois
Où tu as entendu ta voix
Où tu as eu peur pour quelqu’un
Était-ce vraiment si opportun
Plus beau encore que les colombes
Le tranquille sifflement des bombes
Restera juste dans ta tête
Même quand tu voudras qu’il arrête